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Description des tâches

1.      Programme scientifique et technique et organisation du projet           

Modèle conceptuel

MONOIL s’est inspiré du cadre conceptuelIntegrated environmental assessment(IEA) de la démarche GEO du Programme des Nations Unies pour l’Environnement et le Développement (UNEP, 2007) inspiré lui-même du modèle Driving Forces - Pressure - State-impacts - Responses (pour Forces motrices – Pression- Etat- Impact-Réponses) développé par l’Agence européenne de l’environnement (Smeets et Weterings, 1999). Dans MONOIL, les forces motrices sont les activités pétrolières, qui causent des pressions sur l’environnement, ici des contaminations (de l’eau, de l’air et des sols). Ces pressions dégradent l’état de l’environnement à un moment T, autrement dit sa qualité; ces changements environnementaux ont des impacts sur les sociétés qui vivent à son contact tant en termes de santé (santé publique, animale, etc.) que d’accroissement de la vulnérabilité sociale initiale (avant impact) et de développement économique. Enfin, la réponse rend compte de la capacité sociale à faire face à ces impacts : c’est l’ensemble des mesures politiques, industrielles ou sociales, individuelles et/ou collectives, aux échelles locales, régionales ou nationale, visant à réguler, prévenir, réduire les contaminations et/ou l’exposition aux contaminants et donc l’intensité des impacts.

MONOIL renseignera le cœur du modèle (état-impacts-réponses) dans la mesure où les travaux exploratoires et les données existantes apportées par les partenaires permettront de renseigner les forces motrices et les pressions. La spécificité est qu’il s’intéresse aux processus qui définissent le passage d’un élément à l’autre : par exemple, pour comprendre les impacts des activités pétrolières et des contaminations sur les sociétés, nous travaillerons à la fois sur les dispositions sociales (par exemple, les stratégies d’action) qui permettent de réduire l’exposition aux contaminations mais aussi, à une autre échelle, sur les « doses-réponse » (via l’usage de bio-marqueurs) qui permettent de comprendre le niveau d’impact des contaminations environnementales sur les organismes vivants et les cellules humaines (ce qui renseigne sur leur capacité de défense et sur le niveau des dommages). On interrogera, en plus de l’effectivité, l’efficacité de certaines réponses sociales, à différents niveaux : pouvoirs publics (loi de réformes sur les hydrocarbures ; PRAS) et société civile (capacité de représentation au niveau politique ; ressources pour l’action).

Sites d’étude

La recherche sera d’abord menée sur le territoire élargi de deux « paroisses » (équivalent des communes en France),Dayuma et Pacayacu, qui ont été identifiées par le Ministère de l’environnement Equatorien comme ayant le plus fort indice de vulnérabilité socio-environnementale pour la période 1967- 2009 dans le territoire sous influence pétrolière considéré (SIPAS, 2011).

(1) Sites d'Amazonie

Dayuma : le PRAS compte dans cette paroisse une moyenne de 16,840 fuites pour mille habitants entre 1967-2009, près de 19 piscines et 20 fuites de pétrole pour 1000 habitants en situation de pauvreté entre 1967 et 2009 et un taux moyen d’eaux de formation dans l’environnement de 67 141 barils par habitation sans accès à l’eau potable sur la même période (14 033 barilsper capita). Le territoire est jugé particulièrement sensible : 90,8% a été déforesté au profit des installations pétrolières, ce qui rend les ressources en eaux et en sols particulièrement vulnérables aux contaminations.

Pacayacu: le PRAS estime à 43 092 barils le taux moyen d’eaux de formation dans l’environnement de cette paroisse par habitation sans accès à l’eau potable. Il compte 9736 barils d’eaux de formationper capitaentre 1967 et 2009, quelques 19 piscines et 21 fuites de pétrole pour 1000 habitants en situation de pauvreté sur la même période. L’indice de vulnérabilité sociale est de fait très élevé. En outre, en juin 2009, le site a subi une importante fuite d’eaux de formation qui a duré 15 jours ; la remédiation du site a été réalisée très tardivement rendant les conséquences sur l’environnement encore visibles. Aujourd’hui, le site fait l’objet d’un plan d’action pour la réparation des passifs environnementaux et sociaux.

(2) Côte pacifique

A la demande de l’EP Petroecuador,le site de la raffinerie nationale d’Esmeraldassur la côte pacifique sera également étudié. La raffinerie, construite initialement dans un secteur non peuplé de la commune d'Esmeraldas, fut mise en service en 1967 dans le but de produire des produits pétroliers afin de répondre à la demande intérieure. Après sa construction, des quartiers légaux et illégaux ont progressivement émergé dans sa zone d’influence majeure, souvent avec la complicité des municipalités. En outre, si la raffinerie dispose d’un plan de gestion environnementale (révisée en 2009), la ville n’est pas préparée en cas d'urgence, malgré son expérience passée (incendie en 1998). La zone d’influence est donc caractérisée par la superposition de problèmes environnementaux, de santé et de sécurité liés aux activités de raffinage.

(3-4) Des zones de contrôle seront également choisies : Pour l’Amazonie, la zone sera située dans la Province de Morona-Santiago, le long du Río Wichimi (3), près de San José de Morona, au sud-est du pays : dépourvue de source anthropogénique d’hydrocarbures, de métaux lourds, ou de produits phytosanitaires, elle présente des caractéristiques géographiques, géomorphologiques, écologiques et hydrologiques, similaires à celles des aires d’étude. Elle fait partie d'un sous-bassin hydrographique naissant dans la plaine amazonienne, et ne transportant ni sédiments, ni éléments chimiques issus de l’érosion de bassins andins en amont. Pour la côte pacifique, la zone de contrôle sera située dans la province de Manabí, zone de Monteverde (4).

 

Figure 2: localisation des sites d'étude